‘En bonne santé’ | 2014-18.brussels

Le 4 octobre 1916, le soldat Van Grunderbeek, combattant sur le front de l’Yser, reçoit cette photographie de sa famille restée à Evere. Au premier rang, ses deux enfants Angeline et Jozef, entourés de son épouse Barbara et de sa belle-famille. Au dos de la photographie, ces mots rassurants de Barbara : « Sois tranquille, nos enfants sont toujours en bonne santé, tout comme nous ». Par l’échange de lettres et de quelques colis, les familles bruxelloises tentent, tant bien que mal, de maintenir les liens avec leurs proches partis au front.

D’août 1914 à novembre 1918, la population vit coupée des soldats de l’Yser. Suivre les événements du front s’avère presque impossible. Comment discerner le vrai du faux, entre les journaux désormais censurés, les communiqués de la propagande allemande et les rumeurs qui se dégonflent aussi vite qu’elles sont nées ? Dès septembre 1914, Paul Max se plaint de n’avoir plus de nouvelles du front, au point qu’on pourrait croire les hostilités suspendues. « Et pourtant, sans que nous en apprenions la nouvelle par des communiqués officiels », constate-t-il avec amertume, « des gens s’entretuent chaque jour ».